Chaque année, de nombreux candidats au concours d’accès à l’École nationale de la magistrature s’interrogent sur l’opportunité de préparer d’autres concours, dont le concours de l’École nationale des greffes. Non seulement la préparation de ces deux concours est compatible, mais elle peut même constituer une stratégie cohérente, efficace et rassurante.
Une préparation mutualisée grâce à un tronc commun solide.
Il est aisé pour les candidats au concours d’accès à l’ENM de préparer le concours de l’ENG. En effet, le programme du concours d’entrée à l’ENG recoupe largement celui de l’ENM, en ce que les épreuves écrites portent essentiellement sur trois domaines :
- l’organisation administrative et judiciaire française,
- la procédure civile et prud’homale,
- la procédure pé
Or, ces trois thématiques, hormis la procédure prud’homale qui reste plus subsidiaire, constituent aussi le socle fondamental du programme d’admissibilité du concours de l’ENM. Cela signifie concrètement qu’aucune matière nouvelle ne vient s’ajouter à la charge de travail. Autrement dit, préparer le concours d’entrée à l’ENG en parallèle ne demande pas tellement d’heures supplémentaires de révision, mais simplement une adaptation méthodologique aux types d’épreuves.
Deux formats, une logique commune.
Là où les concours se distinguent, c’est dans la nature et la finalité des épreuves, même si certains formats se recoupent. Premièrement, les deux concours comportent une note de synthèse, ce qui permet de mutualiser pleinement la préparation à cette épreuve. Que ce soit à l’ENG ou à l’ENM, il s’agit de restituer de manière claire, structurée et neutre l’essentiel d’un dossier documentaire, sans y ajouter d’analyse personnelle. La maîtrise de cette méthodologie est donc un véritable point de convergence pour une préparation commune.
À cela s’ajoute, pour le concours de l’ENG, une épreuve de questions de cours, comportant deux questions obligatoires sur l’organisation judiciaire et administrative française et deux questions de procédure civile et prud’homale ou deux questions de procédure pénale. Ces questions exigent une restitution précise et structurée des connaissances juridiques, sans développement analytique. C’est une épreuve qui renforce les automatismes et oblige à des révisions rigoureuses, ce qui est également très utile pour l’ENM, notamment pour les épreuves écrites de droit civil et de droit pénal, mais également pour l’épreuve de droit public.
Concernant l’épreuve d’admission de l’ENG, celle-ci se compose d’un seul entretien avec un jury, d’une durée de 25 minutes, comportant une présentation de 5 minutes suivie de 20 minutes de questions et de mises en situation. Cet oral doit certes faire l’objet d’une préparation rigoureuse, mais ne comporte pas de difficulté majeure, ce qui permet de le préparer aisément sans nuire aux révisions du concours de l’ENM.
En somme, bien que les formats ne soient pas tout à fait identiques, la logique de fond reste la même : rigueur, clarté, maîtrise des fondamentaux. La préparation de l’un nourrit très naturellement celle de l’autre.
Une dynamique bénéfique pour le moral et la stratégie.
Il ne faut pas non plus négliger l’enjeu psychologique. Préparer deux concours de haut niveau en parallèle constitue parfois un moyen de diversifier ses chances et de ne pas tout miser sur une seule issue. Tandis que le concours d’accès à l’ENM est réputé pour sa haute sélectivité, le concours d’entrée à l’ENG est quant à lui, certes exigeant, mais plus accessible tout en restant extrêmement formateur. De ce fait, savoir que l’on ne travaille pas « pour rien », et que l’on se réserve plusieurs voies possibles, est un véritable moteur au quotidien.
C’est également un moyen d’ancrer sa préparation dans une logique de réalisme professionnel : les fonctions de magistrat et celles de greffier sont complémentaires, au cœur de la chaîne judiciaire. Comprendre cette complémentarité pendant sa préparation permet alors d’aborder les épreuves avec une vision plus concrète et ancrée du fonctionnement de la justice.
Un conseil : anticiper.
Pour réussir ce pari, il ne faut pas attendre la publication des résultats des épreuves d’admissibilité de l’ENM pour commencer la préparation du concours d’entrée à l’ENG. Il faut en effet organiser son année de préparation dès le départ, en ayant en tête l’information que deux sessions sont organisées chaque année pour le concours de l’ENG : en avril et en septembre. Cela permet de mieux étaler le rythme des révisions, de planifier des périodes d’entraînement spécifiques aux formats de chaque concours, sans jamais perdre de vue le cœur du travail : la maîtrise du droit procédural et judiciaire.
Ainsi, préparer l’ENG et l’ENM en même temps, c’est faire le choix d’une stratégie rationnelle, complémentaire et exigeante, certes, mais qui a du sens. Les deux concours trouvent à s’articuler naturellement, tant sur le plan des savoirs que sur celui de la projection professionnelle. Le tout est de savoir s’organiser, anticiper les épreuves, et surtout, garder le cap !