Vous êtes attiré par le métier de magistrat ? Vous vous présentez aux concours d’accès à l’ENM ? On connaît le niveau élevé de la sélection qui vous attend. Réfléchir sur les compétences qui sont attendues des candidats constitue, à n’en pas douter, un travail indispensable à une préparation efficace. Le futur magistrat doit en effet réunir un certain nombre d’aptitudes qui font l’objet de toute l’attention du jury du concours.  

Le magistrat est évidemment avant tout un bon juriste, mais il doit aussi être doté d’une bonne capacité d’analyse et de synthèse, disposer d’une certaine autonomie, être dans l’échange et ne pas craindre de prendre des décisions le moment venu.   

Être un bon juriste 

Le magistrat doit évidemment être un bon juriste. Après tout, on attend de lui qu’il puisse résoudre les litiges qui lui sont soumis, en choisissant les bonnes règles de droit et en les appliquant correctement. Le bon magistrat n’est toutefois pas celui qui connaît par cœur tout le droit et toute la procédure ! C’est la raison pour laquelle, malgré l’immensité du programme de révisions du concours de l’ENM, les candidats ne doivent pas se donner pour objectif de tout voir ni de tout apprendre par cœur. L’objectif serait inatteignable et, pire encore, risquerait de décourager les candidats.  

Le bon magistrat doit en revanche impérativement savoir effectuer des recherches, dans ses codes mais aussi en se servant des nombreux outils numériques qui sont aujourd’hui mis à sa disposition. Il est impensable, en effet, de passer à côté d’une règle de droit importante ou d’un revirement de jurisprudence décisif !  

Le magistrat doit aussi, de toute évidence, être capable de comprendre toute règle de droit, même celles qui ne lui sont pas familières. Pour cela, il doit avoir une excellente maîtrise de la langue française et en particulier de la langue juridique, en étant un fin interprète. Il doit ainsi connaître les règles d’interprétation de la loi et savoir démêler les textes qui sont aujourd’hui, on le sait, de plus en plus techniques, voire parfois même abscons.  

Enfin, tout juge doit avoir un minimum de bon sens. Il doit être conscient que son travail, de nature purement intellectuelle, va avoir une incidence pratique immédiate puisque la règle qu’il aura choisie sera concrètement appliquée par les parties qui devront s’y soumettre.  

Bref, plus qu’une connaissance abyssale de la matière, le bon magistrat est plutôt celui qui possède une fine maîtrise des outils qui permettront d’accéder à la résolution du litige qui lui est soumis – recherche, analyse et synthèse, interprétation, sens commun.  

Avoir une capacité d’analyse et de synthèse 

L’activité principale d’un magistrat réside naturellement dans l’analyse de dossiers, qui peuvent parfois être assez volumineux. Il faut donc être à l’aise avec cet exercice de lecture qui peut s’avérer parfois quelque peu fastidieux. Mieux vaut être capable de lire vite, car le temps pour traiter les dossiers est souvent compté. Il faut également détecter facilement les données essentielles, en faisant abstraction des éléments de moindre importance. Cette activité de synthèse est en effet déterminante. Autrement dit, le magistrat efficace est celui qui est à l’aise avec l’exercice de la note de synthèse, d’où sa présence et son importante aux concours.  

Disposer d’une certaine autonomie 

Le magistrat doit avoir une certaine autonomie. En effet, chaque semaine il prépare seul ses dossiers, en vue de l’audience. Sa première tâche consiste à prendre connaissance d’un dossier qu’on lui aura attribué, en lisant les différents éléments qu’il contient et en prenant quelques notes. Une fois ce premier travail achevé, il entame la phase des recherches, toujours de manière autonome, avant de dégager la solution qui lui semble la plus pertinente. Vient enfin la phase d’écriture : il faut savoir expliquer la démarche poursuivie et soumettre une proposition de rédaction de jugement. Il faut donc avoir une certaine aptitude au travail solitaire, voire apprécier la solitude.  

Cette autonomie le conduit à devoir organiser lui-même son travail. Il doit donc être un minimum organisé et avoir une discipline personnelle fiable. Mais lorsque tel est le cas, cela confère une certaine liberté d’organisation qui peut être très appréciable. 

Savoir écouter et échanger 

L’autonomie du magistrat ne doit pas l’empêcher d’apprécier travailler en équipe puisqu’au moment des échanges avec le greffe, avec les parties ou encore avec ses collègues, le juge doit savoir écouter l’autre. Il doit ainsi être à l’écoute d’un éventuel point de vue différent. Il doit être dans une relation de dialogue et savoir ne pas imposer sa manière de penser. Il doit aussi porter une attention particulière aux parties et à ce qu’elles peuvent lui communiquer. Ainsi, il faut savoir mettre ses opinions personnelles de côté. Juger est un acte collégial qui doit dépasser la personnalité de chacun. 

Ne pas craindre de prendre une décision 

Le juge tranche les litiges qui lui sont soumis. Il faut donc être doté de la capacité de mettre fin à un débat, parfois difficile, parfois sensible, pour prendre une décision, sans être par la suite rongé par les remords ! Il faut savoir adopter une position d’autorité, lorsque par exemple le président de chambre tranche un débat ou une position d’humilité adaptée aux circonstances. 

En outre, la décision finalement retenue devra être fondée en droit et en fait, inscrite dans son contexte, empreinte de bon sens et exécutable. Elle devra être motivée, formalisée, expliquée. Le magistrat doit être capable de prendre en compte l’environnement institutionnel national mais aussi international. Aujourd’hui, on peut même attendre de lui qu’il innove.

Par Fanny Luxembourg, responsable de la prépa mission-magistrat du CFJ

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